Tout sur la levée de fonds de l’Usine@Design – Emilie Gobin
Peu nombreux sont les entrepreneurs qui parlent ouvertement de leur levée de fonds, l’avant, le pendant et l’après… Alors quand, comme Emilie ici, on en a une sous la main qui nous donne la vision d’une levée depuis l’intérieur, c’est un vrai régal !
Bonjour Emilie ! Tu es la co-créatrice de l’Usine@Design. Tu nous en fais le pitch ?
L’Usine à Design (www.usineadesign.com) est une plateforme e-commerce de mobilier design personnalisé et à prix abordable. Vous y trouverez des meubles à customiser de façon très poussée, selon vos goûts et votre budget, ainsi que des créations originales proposées par une communauté de designers indépendants.
Ton projet va à 100 à l’heure… pourquoi avoir voulu passer par une phase de levée de fonds ? C’est 100% volontaire ?
100% volontaire !
Et aussi … à 100 à l’heure !
L’été dernier, on s’installait rue des Volontaires, avec Nico, Vincent, Charles et Toni, un industriel “baroudeur du meuble”. En octobre, on lançait la plateforme. Fin 2009, nous avions validé industriellement et commercialement le process complet de la personnalisation des meubles (et ce n’est pas une mince affaire ! car un meuble unique à petit prix, ça fait rêver mais c’est compliqué au niveau logistique !) Les clients, la presse et les designers se sont tout de suite pris au jeu et en janvier, nous avons fait le prime time de Capital ! Le tout, sur fonds propres ! A ce moment-là, on était rentables, on aurait pu continuer en roue libre, sans lever d’argent, mais on s’est dit qu’un petit coup d’accélérateur serait le bienvenu !
Peux-tu nous dire quelles ont été les étapes ? Les difficultés ? Les choses qui t’ont surprise ?
La première étape a été de s’accorder sur les ambitions à moyen terme et d’en déduire le montant recherché… car nous cherchions trop pour les Business Angels, et pas assez pour la plupart des VC. Et puis, on n’était pas vraiment en amorçage, mais pas non plus en développement : on était déjà trop gros – et trop gourmands – pour les Business Angels, et on était encore trop jeunes pour les VC. Donc il fallait trouver un partenaire qui fasse de l’amorçage ET du développement. Ni trop tech, ni trop retail. Et qui n’ait pas déjà investi dans la déco ou le meuble récemment ! Dur de s’y retrouver dans ce petit monde des VC français… et européens ! Guilhem, si tu nous avais fourni une roadmap, ça nous aurait bien aidés
La vraie difficulté, c’est que j’assumais à la fois un rôle de CEO et de directrice marketing, et qu’étant seule sur les deux postes, c’était assez difficile de jongler entre les investisseurs … et les apporteurs de business !
Un coup de pouce du destin nous a fait tomber sur le CM-CIC Capital Privé. On a été de suite séduits par ce fonds et son équipe qui se sont révélés être LE partenaire idéal pour une entreprise telle que la nôtre. Une équipe qui connait bien l’e-commerce, à la fois amorçage et développement, séduite par notre projet et notre équipe. 2 mois de paperasse plus tard, on a signé avec un partenaire solide, et on est appuyés par un conseil du tonnerre. On est ravis… mais fatigués !
Tu peux nous en dire un peu plus sur les montants en jeu, et sur comment ils vont être utilisés ?
On a levé 1,6M€.
Une somme qui va nous servir pour quatre dossiers majeurs :
– faire connaître L’Usine à Design (du marketing donc)
– développer nos équipes (embauches) pour répondre de mieux en mieux aux attentes de nos clients (un site plus ergonomique, avec plus de fonctionnalités, plus de services aux clients, etc.)
– développer notre structure en Chine pour répondre au marché de façon plus réactive, plus efficace et plus qualitative (un sourcing plus rapide, plus flexible)
– renforcer notre collaboration avec la communauté des designers qui est un de nos vrais différenciateurs.
Pas trop peur que cette levée de fonds bouscule un peu l’esprit “bande de jeunes entrepreneurs” ? Quels changements ressens-tu déjà avec l’arrivée d’investisseurs extérieurs ?
Au contraire !
Dans le web et la déco, c’est le dynamisme et la réactivité qui priment. A l’UAD, on a une équipe de passionnés, on adore tous le projet et on s’éclate… même pendant les boards ! C’est ce dynamisme et cette passion qui ont séduit les investisseurs !
Mais, depuis l’arrivée du partenaire financier, nous avons la chance d’être entourés et conseillés par les cadors de l’e-commerce et du marketing (Olivier Mathiot, Président du Conseil de Surveillance de L’Usine à Design,co-fondateur et VP Market de PriceMinister. Et fana de meubles design par dessus tout !), du design et des tendances (Cyril Karaoglan, personnalité emblématique du monde de l’art contemporain, du design, de la joaillerie, 1er courtier en assurance d’art en France, un puits de savoir et de passion du design, et notre Vice-Président) et de la finance et du management (Michel Roux, un ancien de la Silicon Valley, passé par les plus grands groupes, mais aussi des start-up’s ! Michel si tu nous regardes et Stéphane Pesqué représentant du CM-CIC Capital Privé), de vrais coaches pour nous accompagner dans cette magnifique aventure.
Et puis parmi « la bande de jeunes entrepreneurs « que tu cites, il y a un senior depuis le début !
Et si tu devais donner un conseil pour un jeune démarrant le parcours du combattant pour trouver des financements ?
Qu’il m’appelle 😉
Plus sérieusement, qu’il s’entoure des bons conseils, qu’il ne se précipite pas trop… s’il le peut ! Il y a le business à faire tourner aussi, il ne faut en aucun cas le négliger… Ne pas refaire 100 fois son BP. Bien cibler les fonds. Ne pas demander trop par précaution, c’est mauvais signe. Savoir être ambitieux néanmoins. Autant que possible privilégier le choix du bon partenaire à la valo, c’est une affaire de feeling et de relations humaines avant tout.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
Du canapé à gogo, d’éditer les futurs Starck de demain, de continuer à rendre nos clients heureux, de continuer à être entourés de personnes brillantes, et passionnées, et bien sûr de continuer à m’éclater !
Merci Emilie et bonne route à toute l’équipe de l’Usine@Design !
Source : http://businessangels.fr/business-angel-entrepreneur-temoignages/tout-sur-la-levee-de-fonds-de-lusinedesign-emilie-gobin/